Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/116

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père que votre père fera en effet son devoir ; et ce devoir c’est de vous empêcher de commettre une sottise.

— M. Gaston Vandry ne m’a jamais aimé un seul instant, s’écria la jeune fille de plus en plus enhardie ; je ne l’aime pas et je ne veux pas être sa femme, jamais. J’épouserai l’homme que j’aime et qui m’aime.

Alors, le père se fit câlin ; il se mit aux genoux de son enfant.

« Voyons, fillette, dit-il, réfléchis ; ne vas pas nous couvrir de ridicule ; tu es riche ; tu auras des millions, des terres, des villas. Paul Duval est pauvre, c’est un maître d’école de campagne. Il t’aime, dis-tu, mais c’est parce que tu es riche. Il t’a sauvé la vie, c’est vrai et j’ai envers lui une grosse dette de reconnaissance. Aussi je le récompenserai bien avant de partir… Je lui donnerai autant d’argent qu’il en voudra…

— Je l’aime, répondit simplement la jeune fille à cette insulte de son père à son bien-aimé.

— Eh ! bien, moi aussi, je t’aime, s’écria M. Davis avec colère ; je t’aime bien ; tu es mon unique enfant et j’ai un devoir à remplir envers toi ; j’ai une réponse à te donner et cette réponse, entends-tu, c’est : Jamais, comprends-moi bien, jamais Paul Duval n’entrera dans ma famille tant que moi, le chef, je serai vivant.

Puis, élevant davantage la voix, il ordonna durement :

« Allez-vous-en dans votre chambre, mademoiselle, et veuillez réfléchir sur mes paroles…  »

Monsieur Davis, au paroxysme de la colère, ramassa son chapeau et sa canne qui gisaient sur un