Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/128

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lèvres, comme des gens aimables, enchantés l’un de l’autre… »

Paul Duval avait fondu en larmes en lisant cette tendre épître.

« Blanche, » avait-il murmuré, « Blanche chérie !… »

Cette jeune fille si belle, si aimante, un autre allait l’épouser ; un homme riche, ce muscadin qu’il avait entrevu quelquefois, allait être son mari ; c’est lui qui en ce moment admirait ses beaux yeux, la regardait bien en face afin de ne pas perdre le plus petit rayon de son tendre regard, comme il avait fait si souvent, lui… Ah ! ce serait la vie…ça ? Paul songea à tout ce que lui rappelait la lettre de l’absente ; elle l’avait aimé pourtant et le lui avait dit… Elle l’aimait encore et l’abandonnait. Un tel abandon ne pouvait être sincère ; son cœur de simple répugnait à croire à un pareil sentiment.

Et, un matin, sans trop savoir ce qu’il faisait, oubliant tout : et la terre qui l’appelait de toute la force de son dernier soupir avant l’hiver ; et les parents éplorés qu’il n’avertissait même pas de sa fugue ingrate, et la douce enfant du menuisier des Bergeronnes… oui, oubliant tout… il partit, sans même entendre les conseils émus de la mère Thibault qui lui disait qu’il regretterait sa folie…

Il partit, et le bateau qui, quelques jours auparavant, emportait Blanche, le dérobait bientôt lui-même dans l’horizon du Saint-Laurent…

Et c’était ce dernier chapitre de sa vie que Paul