Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/190

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La jeune fille donna avec empressement au loquace et brave homme toutes les instructions nécessaires pour que Fane n’eût pas à se plaindre davantage de lui avoir amené son fiancé par un temps pareil ; et le cocher sortit.

Les deux jeunes gens restèrent de nouveau seuls. Les premiers instants de l’émotion de ce retour si brusque passés, la conversation s’engagea, joyeuse, aimable ; ce fut un flot de questions de la part de Jeanne. Elle trouvait que Paul n’avait pas changé ; c’était bien lui encore, mais un peu plus grave, comme un tantinet triste ; elle revoyait son bon sourire, son regard franc et hardi, son beau visage olivâtre…

« Oh ! comme cette Montréalaise avait dû l’aimer…

Mais ce ne fut qu’une pensée qui traversa, rapide, l’esprit de la jeune fille ; elle la chassa vite. Non, il ne fallait plus penser à cela ; c’était fini, sans doute, bien fini. Il était revenu et il resterait, toujours…

« Comme tu es belle, ma petite Jeanne…

Jeanne rougit un peu. Le tic-tac de la grande horloge battait fort et joyeux dans la pièce et les bûches crépitaient dans le poèle comme un grand feu d’artifice.

« Je suis heureux, bien heureux, chère petite fiancée, que j’ai un instant oubliée, mais que je retrouve pour toujours ; ah ! oublions, veux-tu, ma petite Jeanne, les jours mauvais qui ont précédé cet instant béni que nous vivons cette nuit… cette belle nuit de Noël, Noël de nos amours. Comme nous allons être heureux,