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LE FRANÇAIS

tre extrémité du Rang Trois, se trouvait la terre d’André Duval, le père de Jacques, son ami intime ; il ira donc dîner chez André Duval. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Jean-Baptiste Morel arriva chez André Duval au moment où la famille se mettait à table pour le dîner. Duval et sa femme lui firent une cordiale réception et l’invitèrent à prendre, « sans cérémonie », une place à la table de la famille. Le menu était celui de tous les jours chez un cultivateur bas-canadien : une soupe aux pois avec persil et herbes salées, un carreau de lard bouilli avec un collier de pomme de terre, de choux, de carottes et de navets ; un grand plat rempli d’épis de blé d’inde également bouillis et que les convives avaient le droit d’enduire de beurre à même une miche placée dans un large beurrier posé au milieu de la table ; et comme dessert, des bleuets séchés couverts d’une couche de sucre d’érable râpé. Il faut convenir toutefois que la crème étant un article de luxe, ce jour-là, madame Duval en avait servi un pot spécialement en l’honneur de Jean-Baptiste Morel. Comme tous les cultivateurs, André Duval allait assidûment porter, chaque matin, à la fromagerie le lait de la ferme qui rapportait, en fromage, du printemps à l’automne, assez d’argent sonnant pour payer les instruments aratoires et les dépenses de la maison ; les règlements de la fromagerie défendaient d’écrémer le lait une fois versé dans les canistres.

La famille Duval était à table au complet, à l’exception de Jacques. Madame Duval, à la fois maîtres-