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LE FRANÇAIS

leaux, l’on ne s’était mis en route qu’à trois heures… des confessions à entendre là-bas, plus qu’il avait cru… Et puis, en route, l’on avait trouvé bon de prendre le plus long chemin, celui des sous-bois épais et protecteurs, au lieu des clairières pleines de neige et où cinglent les rafales. Voilà ! Dieu merci, l’on était sain et sauf !…

« Et maintenant, mes enfants », continua le missionnaire, la voix devenue subitement onctueuse, grave, paternelle, trouvant des mots vifs, pénétrants, chauds comme des rayons, « maintenant, c’est le tour du bon Dieu ; il n’y a pas de temps à perdre. Nous n’avons ici, que de bons enfants, j’en suis certain, mais on a quand même des peccadilles à se faire pardonner par Celui dont nous célébrerons dans quelques minutes l’anniversaire de la Nativité. Avant la messe que nous dirons tantôt et pendant laquelle vous adorerez Celui qui est né pour souffrir et travailler comme vous, j’entendrai votre confession et, pendant la messe, j’aurai le bonheur de vous servir le pain des forts, la divine nourriture qui vous fera supporter avec plus de joie et de patience les rudes fatigues de votre dure vie de travailleurs… »

Un grand souffle de recueillement passa aussitôt par toute la pièce, courbant les têtes rudes, les fronts basanés par les violentes alternances des saisons… Et il n’y eut pas une seule exception ; tous les hommes, depuis le « foreman » jusqu’au dernier claireur, s’approchèrent du tribunal sacré de la Pénitence. Pendant