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LE FRANÇAIS


XIII


C’était une fatalité. Pendant tout le mois de janvier, il avait neigé, neigé !… Après une accalmie de quelques jours, au commencement de février, alors que l’on sentit quelques effluves printaniers, le froid, le vent, la neige reprirent comme de plus bel. Les jours Gras furent comme les Fêtes.

Jacques Duval, à cette reprise de l’hiver, fut saisi d’un dépit rageur qu’il manifestait, pendant les longues journées de travail, par d’amères récriminations, des plaintes larmoyantes, maugréant, pestant contre tout.

Le travail de la coupe du bois se faisait péniblement. Les journées, lancinantes, ennuyeuses, à cause du mauvais temps persistant avec cette opiniâtreté fanatique, paraissaient longues comme l’éternité. L’air, toujours chargé de neige, était devenu lourd, suffocant ; malgré le froid, les sueurs sourdaient de la peau et les chemises en dessous des épais chandails de laine se plaquaient sur les torses aux muscles rapides et mobiles. Il ne fallait pas arrêter longtemps le travail des membres car alors, gare aux refroidissements. Du matin jusqu’au soir, l’on entendait les haches sonner à coups réguliers, de plus en plus sourds au fur et à mesure des progrès de l’entaille au pied du tronc ; elles s’arrêtaient, soudain, un instant, et l’on entendait aussitôt de rauques exclamations avertissant que l’on prit garde