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LE « MEMBRE »

Le président annonça, enfin, que l’on allait boire à la santé de « notre hôte ». Des applaudissements frénétiques, sauvages, éclatèrent ; et, telle était la popularité de Donat Mansot, en cette fin de banquet, que pour mieux l’applaudir, adversaires comme partisans montèrent sur les chaises, escaladèrent les tables et lancèrent au plafond tout ce qui leur tombait sous la main.

Puis, il y eut grand silence.

Donat Mansot parla pendant près d’une heure. Ce fut un long plaidoyer en faveur de l’administration Thouin, une confession générale d’une longue série de bienfaits accomplis pour le comté de l’Achigan, un hymne à la province.

Et, c’est sur le dos de cette heureuse province que Donat Mansot, emporté par le génie malfaisant de l’éloquence inspirée, lança l’empoignante péroraison de son discours qui, quelques jours après, lorsque l’écho en parvint à Québec, fit rugir le ministère tout entier.

« Et pour terminer, messieurs les électeurs du beau comté de l’Achigan, disait Mansot, n’ai-je pas eu raison toujours, en ma jeune carrière, de conserver ce fol espoir, de caresser ce beau rêve : celui de voir grandir, grandir toujours, sur les bords du Saint-Laurent cette colonie qu’y fonda Champlain, il y a trois cents ans ; celui de donner au monde le spectacle d’une autre France florissante et vigoureuse, de ce côté-ci de l’Atlantique… Et notre orgueil voit dans l’avenir, messieurs, le rameau vert transplanté sur un sol nouveau, devenu un arbre majestueux om-