Page:Potvin - Le membre, 1916.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
LE « MEMBRE »

coups pour le premier acte… En place !… Vous, Simpson, vous recevez « monsieur » et vous lui répondez que j’y suis. Quant à vous, Reaves, vous êtes de l’autre côté du mur, assis à la petite table, le chef auréolé du serre-tête ; vous écoutez ce qui se dit ici, et vous notez, vous notez… M. White est avec vous pour son plaisir personnel et il note ce qu’il veut bien.

À ce moment, le vent hurle dans les fenêtres et tout l’énorme édifice du Château tremble sous l’ouragan.

« Mais êtes-vous bien sûr qu’elle va venir la « visite », par ce temps de chien ?  » demanda Simpson.

— « Elle » viendra, j’en suis sûr, répondit Mulrooney ; et je crois même que nous n’avons plus que le temps de prendre nos places.


Précisément à ce moment-là, un homme frileusement enveloppé dans un ample paletot fourré, descendait péniblement la rue des Jardins.

La tempête avait redoublé de violence. Le vent s’engouffrait par bonds furieux dans les rues qu’il emplissait d’un vacarme effroyable. L’homme marchait, la tête penchée ; et ce vent lui brûlait les yeux, lui tirait les lèvres, lui déchirait les joues. À certains moments, il semblait comme sous le coup d’une grande peur. C’est quand le vent, tourbillonnant au-dessus de sa tête dans les grands peupliers décharnés qui entourent la cathédrale anglaise, jetait dans l’espace comme des clameurs d’âmes en peine….

L’homme dût faire de violents efforts pour gravir l’élévation qui conduit au Château. Là, le vent soufflait si fort qu’un instant le hardi piéton qui osait