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Peter McLeod

pour tous les autres, depuis qu’il exerce sa dictature sur tout le Haut-Saguenay pour les Canadiens, les Écossais, les Irlandais qu’il a à son service, il s’est montré très dur. Il ne croit pas avoir jamais été injuste… Que diable, ne faut-il pas qu’il y ait toujours un dompteur et des domptés ?

Alors, joyeux dans sa poitrine, son cœur se mit à chanter comme un oiseau dans sa cage. Un instant, il fut comme fier de lui, et il fit le paon qui vient de se découvrir une plume nouvelle. Il savoura avec délice la minute qui s’offrait… Un sentiment subit de piété lui traversa les entrailles pour ces hommes stupides. Mais c’est étonnant comme il est difficile parfois de trouver des choses à dire !… Sa réserve prit fin. Il se retourna. Les sauvages, toujours accroupis, lourds et tranquilles, dans leur coin, lui sourirent stupidement. Il passa rapidement une main dans sa chevelure d’ébène qu’il mit dans un désordre incroyable…

« Que mes frères soient tranquilles ! » Dans sa voix vibrait une émotion anormale. « Mes frères savent qu’il m’est impossible de faire revenir le gibier sur leurs terrains de chasse et d’en interdire l’accès à mes autres frères les blancs… Mais les lois sont faites pour les sauvages comme pour les autres, et c’est Milaupanuish qui ira, là-bas, dans la grande ville qui s’étend à l’ouest et demandera à celui qui représente chez nous, le souverain de notre pays, de faire passer des lois qui empêcheront mes frères les Montagnais de rentrer de leurs chasses les mains vides dans leurs wigwams… Quand la neige aura disparu, vous au-