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Peter McLeod


— XIII —


Les deux hommes marchaient de concert depuis longtemps sans découvrir autour d’eux le moindre signe de vie, quand, au loin, une traînée sombre surgit soudain de la blancheur infinie. Ils marchaient depuis le matin à travers les gros tas blancs de neige qui s’étaient amoncelés sur la glace solide comme un rocher et qui semblait un immense lit sur lequel on avait étendu une blanche couverture aux plis moelleux. Vers le midi, le vent s’était mis à souffler, âpre, du nord-est, emportant dans sa course une brume de neige séchée qui brillait comme de la poussière de diamants. Enveloppés dans cette atmosphère éblouissante, à moitié aveuglés et étourdis par des torrents d’air qui les fouaillaient, les deux hommes, pendant plusieurs heures, marchèrent droit devant eux sur le lac mais sans rien voir autre chose que la neige tourbillonnante. Mais voilà que tout à coup, au coucher du soleil, le vent faiblit. La terre !… Là, la pointe de la Métabetchouan. Ils hâtèrent le pas malgré la fatigue qui leur tiraillait les jambes. Ils franchirent avec des ahans saccadés les bourrelets de glace que bordaient le lac, gravirent la colline où s’élevait le Poste et se jetèrent lourdement sur la porte