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Peter McLeod

trée du misérable bourg. On eut dit un campement abandonné. On devinait cependant, en passant près des cabanes, des cendres encore chaudes de foyers à l’intérieur.

Une maison se dressait, comme bâtie sur pilotis, tout au pied du Rocher et une lumière y brillait. Il n’y avait pas d’erreur, c’était le bungalow de Tommy Smith… Le temps de se reconnaître et Peter McLeod et Pit Tremblay déchaussaient leurs raquettes à la porte. Ils frappèrent :

« Entrez ! » cria une voix rude. La porte s’ouvrit. De l’intérieur aussitôt, une odeur complexe de vêtements humides, de tabac, de thé, de pétrole et d’alcool frappa les arrivants au visage. La suspension de fer qui se balançait au plafond et dont la mèche fumait horriblement éclairait dans un brouillard bleu l’intérieur de la pièce. Celle-ci était chauffée par un poêle de fonte dont le large tuyau traversait brutalement la salle et, pour sortir, crevait une cloison. Plusieurs personnes étaient réunies là. Il y avait Tommy Smith, — c’était bien lui, le commis du Poste — sa femme et sa fille. Mary Gauthier, deux métis magnifiquement crasseux qui, dans un coin, chiquaient et se grattaient sans vergogne : et il y avait en outre Fred Dufour.

En apercevant ce dernier, Peter McLeod et Pit Tremblay, leurs yeux s’étant vite faits à la dure obscurité, reculèrent de surprise, mais Peter McLeod se reprit :

« Excusez, la compagnie », fit-il, ironique, « on vou-