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Peter McLeod

Après tout, il l’aurait cru. On le savait pas sentimental pour deux sous, malgré que Mary Gauthier fut à ses yeux la plus jolie personne de la terre ; potelée, pleine de chair, les yeux brillants de passions agréables au cœur des hommes, et au sien en particulier… Mais on a beau ne pas être sentimental, ce n’est pas sans un pincement de cœur qu’on voit continuellement l’objet de sa flamme pressé sur le chandail d’un autre. Aussi, Fred Dufour, descendant plus au fond de son cœur, n’était pas très rassuré… La vérité, c’est qu’il adorait Mary Gauthier et qu’il en était terriblement jaloux. Seulement, il avait trop d’orgueil pour en convenir. Mais l’atmosphère de paix qui régnait dans la pièce, ce soir-là, cette joie, cette bonne entente le dérangeaient un peu… À quoi bon une scène ? Toutefois il lui fallait affirmer son droit d’aînesse sur Mary. Aussi, un moment, il n’y tint plus et, comme la jeune fille se livrait avec Peter McLeod à une espèce de valse très primitive, il alla tout simplement l’arracher des bras de son partenaire et continua avec elle la valse commencée et que rythmait Betsie sur son accordéon criard dont elle rendait maintenant les notes presque langoureuses à force d’y insuffler les sentiments idem qui l’animaient, elle aussi, en ce moment.

Un silence se jeta sur le groupe à la façon d’une couverture. Peter McLeod ricana et une rage soudaine souffla sur son calme comme une brusque rafale sur un lac de montagne. Mais ce fut court, il n’y eut pas d’explosion. L’entrain revint et on continua les pas redoublés et les traînantes glissades à la ca-