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Peter McLeod

ciel de cendre, au grand fleuve plat et gris… Des goélands planent dans l’air, formant des cercles concentriques… Maintenant la lumière du soleil s’épand en splendides couleurs sur les monts encore bleus des vapeurs du matin, et coule dans les ravins rouges…

La journée se passa, joyeuse, bruyante. Il y eut divers jeux où se distinguèrent les chefs montagnais : des courses, des sauts en hauteur et en longueur, des luttes à bras-le-corps, du tir à l’arc et au fusil. Il y eut une excitante course de canots où, tout naturellement, les sauvages remportèrent la palme. Un des chefs indiens fit en une heure la course aller et retour, du bourg aux Terres-Rompues où le Saguenay prend son cours après les rapides de la Grande Décharge du lac Saint-Jean. Défié par Peter McLeod, le même sauvage, pour un prix qui était un sac de farine, abattit avec une vieille pétoire à baguettes un geai bleu qui filait à tire d’aile au-dessus de la rivière… Des bravos enthousiastes saluèrent cet exploit de tir. Peter McLeod avait dû tirer trois coups d’une fine carabine pour abattre un goéland qui volait dans la même zone de l’air.

Les hommes étaient ravis comme des gosses. Les femmes riaient, riaient de ce rire nerveux qu’elles ne peuvent réprimer quand leur curiosité est émoustillée. Sur la grève, les enfants lançaient aussi loin qu’ils pouvaient sur l’eau des bouts de pâtisserie aux mouettes. Les oiseaux, faufilant l’air, apercevaient vite ces petits points jaunâtres sur l’eau : ils descendaient d’un vol plané, rasaient la vague, puis marchaient dessus à