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Peter McLeod

s’ensevelir dans les « campes » des chantiers de coupe de bois au sein de la forêt même. Ils étaient grossiers, prompts à la provocation et aux coups. Ils buvaient sec et portaient le blasphème à la hauteur d’une prière. Ils formaient un troupeau à la direction duquel les coups n’étaient jamais de trop. Aussi, fallait-il des poings de fer pour en venir à bout. Au demeurant, des hommes de cœur et d’un courage indomptable.

Parfois, ceux qui étaient établis à côté des scieries, après avoir vécu pendant quelques temps de la coupe du bois, s’en allaient, une sorte d’atavisme aidant, sur des terres non arpentées qu’ils prenaient presque d’assaut, et où ils se mettaient à vivre sans ordre, sans méthode, au petit bonheur de leurs caprices. On commençait des défrichements sans le moindre égard pour le voisin…

Et c’était avec toutes les peines du monde que l’on pouvait se procurer les premières nécessités de la vie. Ceux qui auraient pu avoir des chevaux et des bœufs en étaient empêchés par les Compagnies. On ne permettait l’usage des chevaux que pour l’exploitation forestière. L’on n’avait d’autres instruments pour défricher et ensemencer que la hache et la pioche. Il fallait transporter à dos d’homme le bois coupé ; l’hiver sur de petit traîneaux à mains.

Telle était la population du Haut-Saguenay au milieu du siècle dernier : “squatters”, et “lumberjacks”… Quelques agglomérations de masures, ici et là. Ou bien, après des milles et des milles de forêt, au milieu de l’immensité du ciel et de la terre, surgissait une cabane de colon, mélancolique à faire mou-