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lait compter le chiffre de ceux qui partaient pour les États-Unis et le Nord-Ouest. Ce chiffre atteignit assurément une importance dont il faut tenir compte, puisque l’émigration des États-Unis peut être évaluée à plus de 34,000 âmes pendant les treize années qui séparent 1831 de 1844.

En si peu de temps, 34,000 personnes séparées de la patrie ! C’était énorme. Que de bras perdus pour le pays !…

Pourtant, on constate qu’à cette époque, l’immigration anglaise dans le Bas-Canada allait en diminuant ; mais cette émigration, de plus en plus considérable, qui se dirigeait vers les États-Unis, compromettait fortement l’accroissement de la population indigène. Durant les premières années de la colonie, les coureurs de bois et les traiteurs avaient porté au peuplement un grave préjudice, qui, plus tard, était devenu presqu’insignifiant, grâce au développement rapide de la population ; mais à cette époque, le mal reparaissait plus redoutable, quoique sous une forme nouvelle.

Ce départ annuel de centaines d’habitants pour les manufactures du sud et les défrichements de l’ouest menaçait d’amoindrir singulièrement le développement du pays. Et cette émigration augmentait d’année en année. Nous venons de voir qu’en 1844, en l’espace de treize ans, 34,000 canadiens-français s’é-