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semble que ce soit là, un des importants privilèges de la liberté individuelle sous quelque latitude que ce soit…

De temps en temps, un puissant transatlantique arrive, remorqué par un pilote expert, et semble une montagne au milieu d’une volée de menus bateaux pareils à des mouettes. Aussitôt la grande halle des compagnies transatlantiques s’anime et fourmille le monde ; le bateau n’est pas encore accosté que, malgré les défenses, hommes et femmes se faufilent à la rencontre des nouveaux arrivants pour embrasser une minute plus tôt, un parent, un ami… Le grondement de la vapeur, désormais inutile, qui s’enfuit dans le ciel en volutes argentées, le grincement des poulies, les courses désordonnées des passagers qui ont oublié ou perdu quelque chose, et qui retournent en grande hâte dans leur cabine, la révolte des gens pressés de partir contre les employés de la douane, bref ! tout le brouhaha que peut produire l’arrivée simultanée de douze ou quinze cents personnes, appartenant à toutes les classes de la société, encombrées de tous les paquets imaginables, cet ensemble à la fois touchant, comique et exaspérant, amusait l’exilé… Un navire n’était pas déchargé que d’autres approchaient à vitesse réduite, les pavillons au vent, répondant aux signaux des sémaphores… Au loin l’eau cha-