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Mais, mon Dieu ! ces résolutions qu’on a pris tant de fois et qu’on n’a pas su tenir… on n’ose plus les reprendre encore, ou du moins, on n’ose plus le dire ; et l’on s’affaisse toujours, inerte, laissant passer les jours, attendant le courage qui ne vient pas…

Et pourtant il vint pour le pauvre Paul.

Le printemps était arrivé avec le mois de la verdure et des fleurs, avec le retour des oiseaux, des insectes et de la vie. Les soirées, maintenant plus chaudes, lui permettaient de reprendre ses promenades sur les quais, de regarder partir et arriver les bateaux et de les voir évoluer en tous sens dans le port. C’était la délivrance. Il ne se sentait plus si seul et les tentations d’aller passer les longues soirées dans les buvettes, s’en allaient avec le retour des soirs de mai. C’était si triste, ces soirs d’hiver, quand, dans sa mansarde, il n’avait qu’à écouter les sourds grondements du vent et les tintements de la pluie contre les vitres…

En pensant à l’épouvantable hiver qu’il venait de passer, Paul frémit à la vue de l’abîme où il avait failli s’engloutir. Il était grand temps de s’en éloigner ; aussi, il jura de ne plus boire jamais. Comme l’habitude n’était pas invétérée, il put strictement tenir la promesse qu’il s’était faite à lui-même ; et jamais il ne se grisa plus.