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des. Au milieu de la haute muraille nue, au-dessus des rideaux blancs qui forment les alcôves, l’horloge marque midi… Les douze coups sonnent péniblement d’un timbre affaibli, connu des mourants, ce timbre que tous ceux qui sont venus mourir là entendent dans leurs insomnies fébriles… Oh ! ces lourdes heures de l’insomnie, à l’hôpital, qui voltigent au-dessus de la tête en feu du moribond avec le tic-tac de l’horloge de mort… on n’entend que lamentations, râles, toux et crachements pendant que tout défile devant les regards fiévreux du mourant : les joies de famille, la jeunesse, les deuils, les morts, les amours, les voyages, tout comme dans un immense cinématographe…

…En haut, à côté, le long des rideaux blancs, des voix qui chuchotent tout bas, des bruits légers à peine perceptibles, des pas discrets de sœurs infirmières marchant avec précaution ; elles vont et viennent, les bonnes petites sœurs, d’un air agité, pâles et jaunes sous leur grande cornette, comme des ailes d’ange… Les douces personnes que ces saintes épouses du Christ — les petites sœurs qui servent dans tous les hôpitaux et qu’on appelle les Hospitalières — Comme elles savent pratiquer la charité, la douceur ! Comme elles savent bien mettre en pratique les paroles du Maître : « Quiconque s’abaissera sera élevé », lorsqu’el-