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tre la doctrine austère qui découle avec le sang de Celui qu’on a cloué dessus !… Et elle reste debout quand même et toujours, au-dessus des misérables discussions humaines, au-dessus des haines, au-dessus des blasphèmes : étendant toujours ses bras sanglants, parlant toujours le même langage divinement miséricordieux… joie, espoir et consolation des uns ; hélas ! aussi, effroi, terreur perpétuelle des autres !…

Oui, les calvaires sont encore debout dans nos campagnes ; toujours ils étendent leurs grands bras sous l’ombre savoureuse des arbres et dans le frémissement des champs rayonnants des chaleurs d’été, ou, en hiver, dans le calme des plaines immaculées ou sous les poudreries aveuglantes de la tourmente qui passe…

Au bord de la route où il y a trois ans, un dimanche d’octobre, notre malheureux Paul, avait rencontré son curé et lui avait annoncé son départ, se dresse un de ces calvaires que la piété des fidèles de cette partie de la paroisse, avait élevé, dans les premières années de la fondation du village, pour implorer la miséricorde de Dieu pendant une saison où la récolte avait complètement manqué. Autour de la croix, une jolie palissade avait été construite et, à la base, il y avait une petite niche, creusée dans le bois, recouverte d’une