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Restons Chez Nous !


Roman Canadien


I



UN clair matin de fin de septembre : c’est l’exorde d’un beau jour de prime automne, un de ces jours si limpides, si trompeurs dans leur joie ensoleillée.

Toute la campagne s’éveille dans l’aube naissante ; une impression de commencement rose et de fraîche aurore se dégage de tout. Des buées légères montent en se disloquant dans un ciel immuablement bleu : elles disparaissent vite, car le soleil qui vient de surgir là-bas, du côté des Laurentides, les perce de ses lumineuses flèches… Et alors des caresses de lumière courent sur la prairie, des feux rougeâtres embrasent le champ de chaume, où les arbres de la forêt qui le bordent, allongent de grandes ombres jusqu’à la ferme, blanche et coquette, qui se dresse au bord de la route descendant au village… Une légère brise vient de s’élever, qui monte à la cime des arbres dont elle fait trembler les feuilles