Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

apportée en l’honneur du poète. Le Champagne pétillant et mousseux, — semblable à… tout ce que vous voudrez, — me fut longtemps cher ! Pour lui, jadis j’ai donné bien souvent jusqu’à mon dernier copeck ! Vous souvient-il, amis, de ses flots dorés qui faisaient éclore tant de sottises, de plaisanteries, de vers et de rêves !


Mais son écume bruyante a fait des ravages dans mon estomac, et maintenant je lui préfère le bordeaux, plus tranquille. Et l’aï même, je ne saurais le boire, l’aï, vin généreux, qui ressemble à une amante vive, brillante, volage, capricieuse et vaine… Mais toi, bordeaux, tu es pour l’homme un ami toujours prêt à rendre service dans le malheur, ou bien à partager une heure de joie. Vive le bordeaux ! c’est encore notre meilleur camarade !


Le feu est éteint ; la cendre recouvre quelques charbons brûlants ; la fumée ne s’élève plus qu’en une faible colonne, et le foyer ne donne qu’une chaleur presque insensible. — La fumée des pipes monte en spirale ; la coupe, remplie jusqu’aux bords d’un breuvage écumeux, est encore sur la table. Le crépuscule descend… J’aime (pourquoi ? je n’en