Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/174

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tagnes, allons sur les bords du ruisseau qui serpente à travers une verte plaine, jusqu’à la rivière. Là, le rossignol, amant du printemps, fait retentir sa voix dans le calme des nuits : là fleurit l’églantier : là murmure une source ignorée. C’est là aussi, qu’à l’ombre de deux sapins vieillis, s’élève un tombeau avec cette inscription :

ICI REPOSE WLADIMIR LENSKY,
TOMBÉ DE BONNE HEURE DE LA MORT DES BRAVES,
TELLE ANNÉE, À TEL ÂGE.
JEUNE POÈTE, DORS EN PAIX !


Il fut un temps où le vent du matin balançait au-dessus de l’urne modeste une guirlande suspendue aux branches du sapin. Il fut un temps où, vers le soir, deux jeunes filles venaient y pleurer, en se tenant embrassées. Mais maintenant la tombe est solitaire et oubliée, l’herbe recouvre le sentier qui y conduisait ; il n’y a plus de guirlande sur la branche. Seul, le berger, vieux et infirme, y chante comme autrefois en tressant sa misérable chaussure.


Pauvre Lensky ! elle n’a pas pleuré longtemps, ta jeune fiancée ! elle ne resta pas longtemps fidèle à son amour ! un autre attira bientôt ses regards et