Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/208

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les folies du temps passé ; ils en rient tous deux. Arrivent les invités. La conversation s’assaisonne alors du gros sel de la méchanceté du monde ; mais autour de la princesse brille une causerie fine et légère, interrompue quelquefois par quelques jugements et par quelques réflexions tout aussi éloignées du pédantisme que de la trivialité.


Il y avait dans ce salon un monde choisi, le monde à la mode ; la noblesse, les visages que l’on rencontre partout, et les personnages indispensables. Il y avait les femmes âgées en bonnets garnis de roses et à la mine sévère ; les jeunes filles qui déjà ne savent plus sourire ; l’ambassadeur traitant toujours d’affaires d’État, enfin le vieillard à cheveux blancs qui sait plaisanter avec l’esprit et la grâce d’autrefois, que notre temps ne connaît plus.


Il y avait l’amateur d’épigrammes qui critique tout : le thé qui est trop sucré, la frivolité des femmes, le ton des hommes, les jugements portés sur un roman nébuleux, le monogramme donné à deux sœurs, le mensonge des journaux, la guerre, la neige, et jusqu’à sa propre femme.