Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/38

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un coup-d’œil rapide lui suffit pour tout voir. Les visages, les toilettes lui déplaisent extrêmement. De tous côtés il salue les hommes, puis regarde nonchalamment la scène, se retourne, bâille et dit : « Il serait bien temps de changer tout cela ! j’ai pu longtemps supporter les ballets, mais à la fin Didelo aussi m’ennuie ! »


Les amours, les diables, les serpents sautent et se remuent sur la scène, les laquais fatigués dorment sur les pelisses de leurs maîtres ; les applaudissements n’ont point cessé ; on se mouche, on tousse, on siffle, on frappe des pieds ; au dedans et au dehors brillent encore les lanternes ; les chevaux, transis de froid, ennuyés de leurs harnais, s’impatientent ; les cochers, autour du poêle, murmurent contre leurs maîtres en se battant les flancs, — et Eugène est déjà loin ; déjà il arrive chez lui et il s’habille.


Pourrai-je tracer un tableau fidèle du cabinet où l’élève exemplaire de la mode s’habille, se déshabille, pour s’habiller encore ? Tout ce qui peut satisfaire abondamment le caprice, tous ces petits objets que Londres nous envoie par les vagues de la