Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/55

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je suis à son vol majestueux… À quoi bon, en effet ?… n’est-ce point ainsi que jadis dans l’inaction et le calme, j’ai coulé mes jours les plus heureux ?


Fleurs, amours, campagne, oisiveté, prairies, vous fûtes toujours mes délices ! — Je suis heureux de faire remarquer la différence qui existe entre Eugène Onéguine et moi, afin que le lecteur, enclin à la critique, ou quelque éditeur malveillant et malin ne puisse pas répéter, après m’avoir comparé à mon héros, qu’à l’exemple de Byron, le chantre de l’orgueil, j’ai crayonné mon propre portrait ; — comme si nous autres poètes nous ne pouvions écrire que notre propre histoire ! —


Je remarque que les disciples d’Apollon sont amis de l’amour rêveur… Jadis, de charmantes apparitions me visitaient en songe, mon âme garda leur mystérieuse image, et plus tard, ma Muse les anima. C’est ainsi que je chantai la fille de la montagne, mon idéal chéri, et les prisonnières des rives de Salgir. Aujourd’hui vous me demandez, mes amis : Vers qui s’envolent tes chants ? à qui donc, dans la foule rivale des jeunes filles, consacres-tu tes vers harmonieux ?