Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/72

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aux devoirs et au rôle de la femme dans le monde ;


mais Tatiana, même dans son bas-âge, n’eut jamais de poupée ; jamais elle ne l’entretint des modes ni des nouvelles de la ville. Toujours elle ignora les espiègleries de l’enfance ; les récits effrayants, pendant les soirées du sombre hiver, la charmaient bien davantage. Lorsque la bonne rassemblait sur la verte pelouse les jeunes amies d’Olga, Tatiana ne jouait point aux garéalki[1], et leurs rires sonores et leurs jeux bruyants l’ennuyaient.


Ce qu’elle aimait, c’était épier sur le balcon le lever de l’aurore, le moment où le chœur des étoiles quitte le ciel pâlissant, où la terre se colore à l’horizon d’une légère teinte blanchâtre, et où la brise, messagère du matin, commence à souffler, et le jour à poindre. En hiver, lorsque les ténèbres couvrent l’orient engourdi dans un lourd sommeil, Tatiana, réveillée à son heure habituelle, se levait encore à la clarté de sa lampe.

  1. Jeu qui ressemble aux barres.