Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/10

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demandait pas plus. Le lendemain matin, toutes les lignes étaient rétablies comme par enchantement.

Les auteurs du « mastic » ne furent jamais connus et si l’administration en devina le motif, le moyen employé resta toujours ignoré[1].

Désormais, à partir de 1895, le branle est donné. Le sabotage qui, jusqu’alors, n’avait été pratiqué qu’inconsciemment, instinctivement par les travailleurs, va — sous l’appellation populaire qui lui est restée, — recevoir sa consécration théorique et prendre rang parmi les moyens de lutte avérés, reconnus, approuvés et préconisés par les organisations syndicales.

Le Congrès confédéral qui se tint à Toulouse, en 1897, venait de s’ouvrir.

Le préfet de la Seine, M. de Selves, avait refusé aux délégués du syndicat des Travailleurs municipaux, les congés qu’ils demandaient pour participer à ce Congrès. L’Union des syndicats de la Seine protesta, qualifiant avec juste raison ce veto d’attentat à la liberté syndicale.

Cette interdiction fut évoquée à la première séance du Congrès et une proposition de blâme contre le préfet de la Seine fut déposée.

L’un des délégués — qui n’était autre que l’auteur de la présente étude, — fit observer combien peu M. de Selves se souciait de la flétrissure d’un congrès ouvrier. Et il ajouta :

« Mon avis est qu’au lieu de se borner à protester, mieux vaudrait entrer dans l’action et qu’au lieu de subir les injonctions des dirigeants, de baisser la tête quand ils dictent leurs fantaisies, il serait plus efficace de répondre du tac au

  1. Le Travailleur des P. T. T., no  de septembre 1905.