Page:Pouget - Le sabotage, 1911.djvu/19

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des individus et une plus grande conscience de leur personnalité…

Une troisième et dernière fois, le sabotage subit le feu d’un congrès : ce fut en 1900, au Congrès confédéral qui se tint à Paris.

On vivait alors une période trouble. Sous l’influence de Millerand, ministre du commerce, se constatait une déviation qui avait sa cause dans les tentations du Pouvoir. Bien des militants se laissaient aguicher par les charmes corrupteurs du ministérialisme et certaines organisations syndicales étaient entraînées vers une politique de « paix sociale » qui, si elle eut prédominé, eut été funeste au mouvement corporatif. C’eut été pour lui, sinon la ruine et la mort, tout au moins l’enlisement et l’impuissance.

L’antagonisme, qui s’accentua dans les années qui suivirent, entre les syndicalistes révolutionnaires et les réformistes, pointait. De cette lutte intestine, la discussion, ainsi que le vote sur le sabotage furent une première et embryonnaire manifestation.

La discussion fut courte. Après que quelques orateurs eurent parlé en faveur du sabotage, une voix s’éleva pour le condamner : celle du président de séance.

Il déclara que « s’il n’avait pas eu l’honneur de présider, il se serait réservé de combattre le sabotage proposé par le camarade Riom et par Beausoleil » ; et il ajouta qu’il « le considérait comme plus nuisible qu’utile aux intérêts des travailleurs et comme répugnant à la dignité de beaucoup d’ouvriers. »

Il suffira, pour apprécier à sa valeur cette condamnation du sabotage d’observer que, quelques