viciés à la base, ne reposant que sur le plus ou moins de force et de résistance des antagonistes.
C’est pourquoi, entre patrons et ouvriers, ne se conclut jamais — et ne peut jamais se conclure, — une entente durable, un contrat au sens loyal du mot : il n’y a entre eux que des armistices qui, suspendant pour un temps les hostilités, apportent une trêve momentanée aux faits de guerre.
Ce sont deux mondes qui s’entrechoquent avec violence : le monde du capital, le monde du travail. Certes, il peut y avoir, — et il y a, — des infiltrations de l’un dans l’autre ; grâce à une sorte de capillarité sociale, des transfuges passent du monde du travail dans celui du capital et, oubliant ou reniant leurs origines, prennent rang parmi les plus intraitables défenseurs de leur caste d’adoption. Mais, ces fluctuations dans les corps d’armée en lutte n’infirment pas l’antagonisme des deux classes.
D’un côté comme de l’autre les intérêts en jeu sont diamétralement opposés et cette opposition se manifeste en tout ce qui constitue la trame de l’existence. Sous les déclamations démocratiques, sous le verbe menteur de l’égalité, le plus superficiel examen décèle les divergences profondes qui séparent bourgeois et prolétaires : les conditions sociales, les modes de vivre, les habitudes de penser, les aspirations, l’idéal… tout ! tout diffère !