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Et nous nous séparâmes tout de même les meilleurs amis du monde, car à Paris tout un chacun a le caractère bien fait et est légèrement sceptique dans nos milieux littéraires.

À cette époque Arsène Houssaye, avec sa belle barbe blonde fortement grisonnante, était encore superbe.

Depuis il est mort chargé d’ans ; son fils est depuis longtemps de l’Académie et nous avons tous plus ou moins fait notre chemin dans la grande mêlée littéraire…

C’est toujours un plaisir et une tristesse douce et mélancolique d’énumérer ses souvenirs d’antan et vraiment dans ce diable de Paris il est toujours amusant de voir comment l’on commence un chapitre sur Valentin-le-Désossé et comment on le termine en parlant d’Arsène Houssaye, un des écrivains mondains les plus fins et qui a le mieux connu les femmes, de l’Empire et du commencement de la troisième République.

La génération présente ne le lit plus guère et elle a tort, car il nous a laissé des portraits, à fleur de peau si l’on veut, mais tous fidèles, très ressemblants et très suggestifs des femmes du monde de l’Empire, d’un monde très licencieux souvent et toujours avide de plaisir et de passions faciles.

Aujourd’hui, les bals publics ont disparu, Valentin-le-Désossé vient de s’éteindre dans la peau d’un vieux bourgeois, l’auto, le terrible auto a tout remplacé, tout fauché et parfois je