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osaient contester un instant la réalité tangible de pareils phénomènes.

Une fois sur la voie et en possession de la vérité nous ne tardâmes pas à arriver à des résultats vraiment surprenants en classant toutes les maladies nerveuses dont étaient atteints ces pauvres arbres, tout comme Charcot lui-même avait pu le faire autrefois avec ses filles hystériques ou ses dégénérées de la Salpêtrière.

Je commençai par construire un sismographe d’une sensibilité extrême, de manière à pouvoir arriver à tâter le pouls des arbres, si j’ose m’exprimer ainsi, et, je ne tardai pas à constater qu’ils avaient tous plus ou moins une petite secousse nerveuse et neurasthénique, qu’il ne fallait pas confondre avec une secousse matérielle et physique, au passage de chaque train métropolitain, et nous fûmes assez heureux pour pouvoir donner un nom à toutes les affections nerveuses dont étaient atteints les dits arbres, ce qui est d’ailleurs le rôle de la médecine, comme chacun sait.

Les deux principales, les plus fréquentes furent donc appelées neurophyllie et chlorophyllie, ce qui d’ailleurs correspondait assez bien à leur état pathologique général.

Cependant, un seul arbre, me donnait toujours des inquiétudes, ses feuilles semblaient toujours agitées par un vent léger, même pendant les temps les plus calmes, et, je finissais par n’y plus rien comprendre du tout. Enfin, voulant en avoir le cœur net, je le fis entourer à mes frais, d’une