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mais tout le monde a présent à l’esprit son fameux sonnet :

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

Hélas ! j’aurai passé prés d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés et pourtant solitaire,
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre.
Elle ira son chemin, discrète et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.

À l’austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :
« Quelle est donc cette femme ? » et ne comprendra pas.

Je ne veux pas refaire ici l’histoire d’Arvers, qui vient de paraître dans tous les journaux, ni rappeler comment il fut un précurseur de M. Brieux, dans ses Avariés ; seulement on sait qu’il mourut jeune, en 1850, à quarante-quatre ans. Mourut-il de chagrin amoureux et quel fut l’objet de sa flamme, comme disaient nos grands-pères ? tout est là.

Dans le discours de L. Séché, je retiens ce passage, qui semble éclairer définitivement la question.

Mais le plus curieux point d’histoire littéraire dans la vie d’Arvers est de savoir quelle était l’ins-