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le propre neveu de Graziella et porte le même nom, Mucchitiello. Interrogé par M. Gabrielle, il lui a fait les déclarations suivantes :

— Oui, Graziella a existé : c’était ma tante. Sa sœur, ma mère, avait loué une chambre à un monsieur français, un certain La… La…

— Lamartine ! interrompit M. Gabrielle.

— Oui, Lamartine, répondit le curé. Ce Lamartine disparut de Naples après la mort de Graziella.

Le curé de Mergellina n’a pas su dire si sa tante Graziella Muchitiello avait réellement noué un roman d’amour avec le « monsieur français, un certain Lamartine ».

Lamartine avait été toute sa vie profondément poseur et égoïste et le récit de cette séduction et de cet abandon révèle chez lui un manque de sens moral absolu. Il est évident que Graziella restera toujours comme une tache à sa mémoire et que sa pauvre petite victime aura toujours l’estime et la pitié des honnêtes gens.

Ce gentilhomme amoureux aurait dû se souvenir que ce n’est pas ainsi que se conduit un homme de cœur et un honnête homme.

Mais pour revenir aux questions purement littéraires, il faut bien reconnaître que notre belle langue n’est pas facile à manier et que lorsque l’on arrive à l’écrire comme Renan, c’est que l’on a vraiment du talent. En voici une nouvelle preuve.

Un jour Mérimée proposa cette dictée à la cour de Napoléon III, alors en villégiature à Compiègne. L’empereur trouva moyen de se faire corriger