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xxiii
préface


qu’y a-t-il à regretter, si la vie qui s’éteint en lui reparait embellie, agrandie, fortifiée dans la pieuse famille qui lui rend les derniers devoirs ? Rien.

« Au fond l’espérance d’une vie future procède beaucoup de cette horreur instinctive de la destruction qui n’est pas inspirée à l’homme par la plus noble de ses facultés, puisqu’elle lui est commune à tous les animaux. Elle est née en même temps et chez les mêmes peuples que cette fameuse horreur du vide dont la science a fait justice. Pour se consoler à l’avance, que faut-il donc ? Bien remplir ses jours, vivre selon les règles de la loi morale, trouver dans la satisfaction du devoir rempli la plus noble des récompenses, et goûter, par avance, le bonheur de n’être pas tout à fait oublié. Les poètes qui, comme Horace et Virgile, se promettent l’immortalité en jouissent par anticipation.

« Chaque instant du présent est tout à la fois le solde du passé et l’escompte de l’avenir.

« Si le dogme de l’immortalité a été vivement attaqué, il a été aussi chaudement défendu. Les poètes, surtout, ont prêté main-forte aux philosophes partisans d’une autre vie. Le sentiment, embelli de tout l’éclat du style et de toutes les séductions de la poésie, s’est joint au raisonnement pour la défense d’une croyance chère aux âmes sensibles et malheureuses.

« Quel admirable mouvement dans le passage si connu de Lamartine