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la rue des Barres, elle n’a pas plus de deux mètres de largeur.

Si j’osais risquer une figure un peu audacieuse, je dirais que c’est une bouteille qui a deux goulots opposés… à moins que vous ne préfériez la comparer à une bourse, avec ses deux anneaux aux extrémités. Cette rue du Grenier-sur-l’Eau appellerait pour rnoi tout un volume de commentaires et de souvenirs, tant elle était curieuse à plus d’un titre.

La maison du numéro 11 faisant saillie si prononcée comme certaines maisons de Foix par exemple, servirait seule à démontrer la vieillesse de la rue qui a été construite très certainement avant le fameux édit dont j’ai parlé quelque part dans mes ouvrages sur Paris et qui interdisait les balcons, terrasses et avancements quelconques — aujourd’hui Bow-Window — avant le second étage, c’est-à-dire, le premier étage, de manière, disait-il, à laisser passer les voitures de foins !

Ceci démontre d’une façon amusante et indiscutable que les rues n’étaient point larges au Moyen-Age dans notre bonne ville de Paris et qu’enfin la rue du Grenier-sur-l’Eau était bien antérieure au fameux édit, ce qui d’ailleurs, en l’espèce n’avait pas besoin d’être démontré.

Après que sa vogue eut disparu — et voilà de cela plusieurs siècles — la vieille voie devint le soir le rendez-vous des amoureux, recherchant la solitude et des artistes, toujours en quête d’impressions rares, par un beau clair de lune !