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La rue de Savoie ne se perd pas dans la nuit profonde des temps — une jolie phrase qui fait toujours bien dans un chapitre sur Paris — mais remonte tout uniquement à 1670, et doit son nom à ce qu’elle a été percée sur l’emplacement de l’ancien hôtel des Ducs de Savoie ou de Nemours, qui avait été construit lui-même sur une partie de l’hôtel d’Hercule, ainsi nommé parce que l’on avait peint sur ses murailles les travaux de ce dieu qui est resté, comme chacun sait, le patron et le saint laïque des forts de la Halle.

Sur le quai des Grands-Augustins, à la suite de l’hôtel d’Hercule, se trouvait précisément le jardin de l’hôtel de Nemours, dont la grande porte s’ouvrait sur la rue Pavée. Cet hôtel avait été rebâti en 1605 par le Duc de Nemours, et vendu en 1670, par la Duchesse de Savoie, à une entreprise immobilière — il y en avait déjà à cette époque — qui s’empressa de faire percer à travers ces terrains ladite rue de Savoie qui nous occupe en ce moment.

Avant sa disparition, l’hôtel des Ducs de Savoie ou de Nemours avait été habité pendant quarante ans par Anne d’Este, mère du Balafré, veuve en premières noces de François, duc de Guise, et veuve en secondes noces de Jacques de Savoie, duc de Nemours.

Ce nom d’Anne d’Este évoque tout de suite en moi le souvenir du joli palais des Ducs d’Este, avec ses jardins en terrasse et bien abandonnés aujourd’hui, à Tivoli — l’ancienne Tibur d’Horace