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dire ; ce sont des « bêtes d’habitude ». Quand, une fois, ils ont été accoutumés à faire certaines choses, dans certaines conditions déterminées, à exécuter certaines manœuvres, à certaines heures, on peut être sûr qu’ils répéteront exactement ces mêmes exercices, avec une ponctualité parfaite, à la condition qu’on ne changera rien à ce qui aura été réglé, que la mise en scène sera toujours la même, exécutée dans la même harmonie, et que le dompteur fera exactement les mêmes gestes, mieux encore qu’« exactement »… « automatiquement », que l’orchestre qui l’accompagne, joûra toujours le même morceau, celui qu’ils connaissent et entendent chaque soir, et dans un même mouvement, car le moindre changement les affole et quand ils sont affolés… gare !

Ainsi donc, cette domination souveraine de l’« habitude », si puissante chez l’homme, puisqu’il en est qui meurent d’ennui par suite de rupture et d’interruption de vie coutumière, n’est pas moindre chez l’animal, et j’ai ouï dire que si, par exemple, on interrompait les exercices quotidiens chez les animaux de cirque, il en est qui seraient pris de tristesse et n’y survivraient probablement pas.

Cette rencontre de sensation chez l’homme et chez l’animal est curieuse à constater puisque chez l’un et chez l’autre l’influence est la même.

Il faut en conclure que la répétition d’une sensation finit par créer une sorte de besoin rythmique, ce qui fait comprendre la jouissance de