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nom de Croisades, un vaste et permanent service de relégation.

— Mais c’est toute une révélation ce que vous dites là.

— Pardon, pas de bêtise, ce n’est pas une révélation, mais simplement une constatation historique, rien de plus, rien de moins.

Vous savez bien que les routes de France et d’Allemagne, à ces époques lointaines, de 1096 à 1270, mettons en chiffres ronds, de l’an 1000 à 1300, étaient rien moins que sûres.

Quels qu’aient été leur nom et l’époque, les jacques, les maillotins, les mauvais garçons, les malandrins, les ribauds, les spadassins, les traîneurs de colichemarde, les dépendeurs d’andouilles et autres, en perpétuelle vadrouille, mettaient à mal les pauvres paysans attachés à la glèbe et jusqu’aux artisans des cités, les ancêtres de ceux qui devaient devenir plus tard des bourgeois !

Et c’est pour les expulser, les déporter et les exporter autant que possible, que les rois de France qui n’étaient pas toujours des imbéciles, avaient créé en leur faveur un vaste et permanent système de relégation, connu dans l’histoire qui aime à créer des légendes, sous le nom de Croisades.

Il fallait bien que les rois se servissent des moyens qu’ils avaient alors sous la main et c’est la religion qui leur servait de prétexte. N’ayant ni force de police, ni gros budget, il fallait bien