la France depuis quarante et quelques années et comment son incommensurable talent a presqu’eu la puissance de nous faire oublier nos malheurs.
Vous savez comment on a déjà demandé la croix pour elle et comment notre aimable et distingué confrère Henri Bauër a demandé l’institution d’une fête nationale en son honneur.
Non, vous n’ignorez point tout cela, et en ce moment, à propos d’une fête artistique organisée en son honneur, les journaux renferment tous les jours des notes dans le goût de celles-ci, par exemple :
« Sur le désir exprimé par Mme Sarah Bernhardt, la fête artistique organisée en l’honneur de la grande tragédienne n’aura lieu qu’après la première représentation de Lorenzaccio. »
Eh bien, tout cela est insuffisant, piètre et misérable, et me fait l’effet d’une injure à cette femme d’élite qui, certainement, n’a pas eu sa pareille depuis Cléopâtre et Sémiramis.
Donc, au nom des 953, vous entendez bien : neuf cent cinquante-trois citoyens des cinq parties du monde — sans compter les pôles — je viens vous supplier de bien vouloir déposer le projet de loi suivant sur le bureau de la Chambre, car vous ne pouvez pas refuser votre appui à une manifestation aussi imposante :
Article Premier. — Par faveur spéciale et comme bien faible reconnaissance du peuple français, Madame Sarah Bernhardt est nommée Grand’Croix de la Légion d’honneur.