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Au début de l’Empire, il n’y avait pas beaucoup de détenus politiques ni d’écrivains, pour plusieurs excellentes raisons dont il est facile d’indiquer ici les deux principales. D’abord, la plupart des républicains étaient en exil, et ceux qui restaient, étaient en trop petit nombre, comme l’éditeur Hetzel et tous les amis qui gravitaient autour de lui, pour tenter quoi que ce soit d’utile : aussi se tenaient-ils cois. Secondement l’on craignait d’autant plus la main de fer du gouverneur que l’on se rendait compte qu’il n’y avait rien à faire pour le moment.

Les conspirateurs, pris dans les émeutes, dans les mouvements de la rue, étaient plus nombreux.

Dans le vaste pavillon de l’Est ou des Princes, il y avait un escalier magnifique qui va bientôt disparaître avec toute la prison, et qui restera dans l’esprit de tous les anciens pensionnaires. Et cependant il n’y a que six cellules dans tout cet immense pavillon. Aussi ces cellules sont des chambres vastes et spacieuses. On voit donc que les journalistes y étaient bien logés, même avant qu’on ne leur ait donné des lits dorés, comme on le fit dernièrement pour M. Rochefort ; il est vrai que l’administration eut pitié d’un vieillard et que l’on ne saurait le lui reprocher.

Chose curieuse et compréhensible cependant pour toutes les personnes qui sont un peu au courant du monde des prisons, si l’on veut se faire une idée très exacte de la vie et des habitudes des prisonniers, à moins de l’avoir été soi-même —