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— Allons donc ! c’est de l’histoire ancienne.

— Point du tout car il fut tué en 1572, comme il travaillait au Louvre.

— Vous n’y êtes pas. Jean Goujon, dont je vous parle, est parfaitement vivant. Il est bien restaurateur, mais point de sculpture ; il est le restaurateur des détenus politiques à Sainte-Pélagie.

C’est même tout à la fois un très bon cuisinier et un malin.

— Il sait mettre autant de sel dans sa conversation que dans ses ragoûts. Si vous en doutez, allez seulement lire son enseigne.

Au-dessous de son nom illustre :

Jean Goujon


vous trouverez écrit en gros caractères :

Ici on est bien mieux qu’en face.

— Comment, qu’en face ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Vous ne comprenez pas ! Sa porte est en face de la prison.

Tenez ! quand vous voudrez bien déjeuner, allez le trouver un matin, rue du Puits-de-l’Ermite. Et ce petit Goujon (de Seine) pourra, si vous le désirez, vous empoissonner ; mais vous empoisonner, jamais !

Charles Tresvaux du Fréval. »


(L’Anti-Radical de la Mayenne).
23 juin 1882


Et le Père Jean Goujon me montre en même