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venu ici pour vivre au milieu d’eux, en ami et jouir de leur délicieux ombrage.

Tartarin. — Je le sais.

Le Prince. — Oui, mais ce que vous ne savez pas, c’est que ma passion pour les arbres va, je l’avoue à ma honte, jusqu’à la monomanie ; ainsi, à Paris, dans mon hôtel, figurez-vous que j’ai fait concurrence à feu Jenny l’ouvrière, de touchante mémoire, et que j’ai de petits arbres nains — ah combien petits ! — dans des pots, sur toutes mes fenêtres et que je les fais soigner comme des enfants.

Ainsi mon valet de chambre a les ordres les plus précis et par ces temps de chaleur, il se lève toutes les nuits pour arroser et dans le jour je les fais abriter avec de la gaze verte.

Mais ce n’est pas tout, dans mon cabinet de travail, j’ai un arbre généalogique, dans mon moulin, à mon château, j’ai un arbre de couche, et souriant le prince tend la main avec une grâce inexprimable et ajoute :

— Vous voyez, fort heureusement pour moi, je possède aussi l’arbre de vie !

Tartarin. — Tous mes compliments, Prince.

Le Prince. — Oh oui, sur ce terrain, étranger à la politique, vous pouvez dire, vous qui êtes journaliste, que je suis bien en communion d’idées avec