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celui qui inscrivait, dans les écritures, pourtant bien simples. Un monsieur grincheux était derrière mon père et impatienté, il murmurait entre ses dents :

— Décidément, Paul de Kock est un grand homme ! La famille Gogo n’est pas morte !

Et mon père se retournant, d’un air aimable :

— Vous avez raison, monsieur, car je suis son dernier représentant !

Du coup, les voyageurs qui attendaient leur tour partirent d’un tel éclat de rire que les employés en firent autant et que le monsieur, de plus en plus furieux, dut attendre un peu plus longtemps.

C’est toujours dans cette grande salle d’entrée que se trouvaient, si j’ai bonne mémoire, dans leur installation primitive et dans des angles, une marchande de fleurs, une marchande de journaux et plus tard une marchande de tabac.

Meissonier, le peintre célèbre, encore relativement jeune, habitait à Poissy une espèce de vieille abbaye qu’il avait fait transformer et qui lui avait coûté les yeux de la tête et où il se plaisait beaucoup.

Aussi lui, sa femme, sa fille et son fils étaient-ils continuellement sur la ligne.

Tous les habitués de la gare connaissaient la large barbe de fleuve du père et les manières plus ou moins excentriques du fils.

L’éventaire des journaux était tenu par une pauvre vieille femme, et un soir que le fils Meis-