Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/101

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s’étrangler Mlles Augustine et Olympe. La pauton s’esclaffe de confiance. Il écoute les récits des félonies de Céline et des ribotes de Charles. Il compatit ; il s’indigne ; il est aimé ; il est adoré.

Maintenant, dès quatre heures, Marie s’enferme dans sa chambre, change de robe, procède à une toilette minutieuse. Et ce n’est plus l’âpre Marie, la mauvaise Marie, la Marie curieuse et gourmande des derniers mois. Oh ! que non ! C’est une Marie toute changée, toute apaisée, toute amoureuse.

Certainement, c’est encore un peu la Marie qui écoute aux portes, qui dérobe des morceaux de sucre et laisse tâter la bosse de son ventre moyennant dix centimes. Mais c’est surtout une vieille fille mystique et passionnée. Plus que jamais, elle dit ses prières. Car les prières sont douces et fondantes, et on en recommence de nouvelles avec d’autres paroles qui glissent et parfument saintement tout le corps. Toutes sont faites de mots qui se ressemblent comme se ressemblent les visages d’une même famille, sans qu’on puisse jamais les