Page:Pourtalès - Deux Contes de fées pour les grandes personnes.djvu/103

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La première fois, on a ri ; le soir d’après, on a ri de nouveau. Tout ça, c’est des jeunesses… Mais à présent on ne plaisante plus, c’est sérieux, c’est vrai. Alphonse l’a promis et les promesses, c’est sacré.

— N’est-ce pas, Alphonse ?

— Bien sûr, ma belle.

Voilà comme les choses se font, à Paris. Elle y rêve tout le long des jours. Comme elle triomphe quand, par hasard, sa pensée retourne au pays. Elle en crèvera de jalousie, cette vieille Céline de malheur. « Ah ! gourgandine ! gourgandine ! » Toutes sortes de préoccupations tourmentent la naine. « Et ma robe de mariée ? » (Elle prononce rôbe.) On continuera de vivre ici, chez Suzon. Alphonse habitera une chambre là haut, en face de la sienne. Elle fera dire une messe pour l’âme du père Christophe. Et déjà elle s’occupe du trousseau. Il faudra deux robes de coton et deux de laine, des bas, des mouchoirs, une paire de pantoufles… Le soir, lorsqu’Alphonse et Joseph font leur partie de manille, elle raconte tous ses projets. Mais il est toujours distrait dans ces moments-là.