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Il serait tout à fait injuste de prétendre que le mode de recouvrement de ces impôts est aussi gênant que sous l’ancien régime ; les législateurs, chaque fois qu’ils ont eu l’occasion d’en proposer de nouveaux, n’ont pas manqué de faire ressortir, au contraire, que ce sont ceux dont le contribuable s’aperçoit le moins. Le fisc, ici, se dissimule, prend, dans la poche du contribuable, de petites sommes qui arrivent à un total considérable. Les impôts indirects en effet alimentent actuellement notre budget, dans la proportion de 73 %, et les impôts directs pour 27 % seulement. Il faut donc convenir, avec M. Leroy-Beaulieu, que les impôts indirects présentent, pour le gouvernement chargé d’équilibrer le budget, cet avantage que « le rendement en augmente spontanément par le simple développement des affaires et des consommations. C’est cette précieuse qualité qui a permis aux finances de la plupart des États civilisés de se soutenir depuis un demi-siècle, malgré les énormes dépenses des gouvernements ».

Les impôts indirects ont un inconvénient grave ; si tel produit est frappé plutôt que tel autre, le vin plutôt que la bière, le fer plutôt que le maïs, c’est en raison de telle ou telle manière de voir, de tel ou tel préjugé (pour ne pas dire de tel intérêt régional) du législateur. Il est incontestable que ces taxes, suivant l’influence ou la tendance du moment, s’appliquent à tel produit plutôt qu’à tel autre. Suivant la théorie de M. Thiers, ces impôts exercent un pouvoir directeur sur l’industrie du pays.

On a fait aux impôts indirects d’autres reproches encore : ils entravent la circulation ; ils ont pour effet d’augmenter le prix de la production, et, par conséquent, de ralentir la consommation, car, portant sur des objets de nécessité, ils diminuent d’autant le pouvoir d’achat des contribuables : ils coûtent cher à percevoir ; ils nécessitent, en effet, une véritable armée d’employés des contributions, des douanes, des octrois ; enfin, si le contribuable ne s’aperçoit pas toujours de la taxe qu’il paye, il est parfois soumis à des procédés d’inquisition, aux visites, aux formalités gênantes de l’exercice.

Les impôts directs actuels ont été, comme les impôts indirects, l’objet des critiques des économistes, M. Leroy-Beaulieu parait particulièrement dur à leur égard ; il s’exprime ainsi :