Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/148

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parlé de toi. C’est cela que tu veux savoir, n’est-ce pas ?

Les joues d’Élisabeth s’enflammèrent ; elle cessa de tourmenter le sable du chemin. Elle posa sur sa mère ses grands yeux noirs, froids :

— Pourquoi ne pas le dire tout de suite ? Tu vois bien que tu ne me dis jamais la vérité.

— Toi aussi, Élisabeth, articula Mme Georges avec effort, dis-moi la vérité. Ce jeune homme, qui est encore presque un inconnu pour nous, est-il possible que tu l’aimes, ou joues-tu ce rôle pour me tourmenter, moi ? Aujourd’hui, je puis croire de toi une chose aussi cruelle, aussi…

— Qu’importe, interrompit Élisabelh, que je l’aime ou que je ne l’aime pas ; il me donnera un nom.

L’intrépide courage de la mère eut une défaillance. Élisabeth lui apparaissait comme une créature sans âme, dépourvue de cet attribut mystérieux qui crée entre les hommes