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fert ni ce qu’elle a été pour moi pendant toutes ces années.

Et sans laisser au jeune homme le temps de répondre, elle continua :

« Je vous disais que papa avait une voix irritée. Tout de suite, à cause de ce timbre élevé et mécontent, je compris de qui il s’agissait et, le cœur tremblant, possédée par un instinct trop puissant pour être combattu, j’écoutai avidement. Très haut, d’une voix sèche et dure, papa disait :

— Puisqu’il en a nettement exprimé le désir, c’est assez. Il a voulu partir, il partira.

Il respira bruyamment et ajouta :

— Enfin, une fois, on en sera débarassé !

Il y eut un silence très court, puis il reprit :

— Pourquoi ne dites-vous rien ? Est-ce que l’idée de ce départ vous contrarie ?

La réponse de maman se fit longtemps attendre. Elle dit enfin :

— Vous ferez ce que vous voudrez. Seulement, laissez-lui au moins le temps de se remettre.

Papa se promenait de long en large dans la chambre. Il s’arrêta, brusquement et je me le figurai debout en face de maman. Cette fois,