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AB AB


mais à mesure qu'il croît, elle se recourbe en devant. Celle de la nuque est plus courte & plus plate. Les Nègres tuent l'Abada pour lui enlever les cornes, dont on vante la vertu contre plusieurs maladies.

ABADDON, s. m. Nom que St Jean donne dans le Livre de l'Apocal. au Roi des Sauterelles, Esprit infernal qu'il appelle Destructeur. Ainsi c'est un des noms de Satan ou du Diable.

ABADIR, s. m. Nom d'une pierre qui fut présentée à Saturne enveloppée dans des langes, & qu'il avalla dans l'opinion que c'étoit un fils dont Ops sa femme venoit d'accoucher, résolu de ne point élever d'enfans, parce que le Destin lui avoit annoncé qu'il seroit détrôné par un de ses fils. Cette pierre se conservoit à Delphes dans le Temple d'Apollon. Quelques Anciens ont cru que cette pierre étoit le Dieu Terme ; & d'autres prétendent qu' Abadir signifioit autrefois Dieu.

ABAISSE, s. f. Nom de la pâte, dont on fait le fond des pièces de pâtisserie.

ABANDONNER, v. act. Terme de Fauconnerie. Abandonner un oiseau signifie le lâcher en campagne.

ABAQUE, s. f. Nom formé du Latin. Les Architectes donnent ce nom à la table quarrée qui fait le couronnement du chapiteau des colonnes. Voyez ci-dessus Abacus.

ABASSI, s. m. Monnoie orientale, de la valeur d'environ deux réales d'Espagne.

ABAT-JOUR, s. m. Sorte de fenêtre , qui communique un jour d'en-haut , pour éclairer des lieux bas, où l'on ne peut faire de croisées ordinaires. Les Marchands ont aussi des Abat-jours dans leurs Magasins, pour y faire entrer un faux-jour qui est favorable au débit de leurs marcbandises.

ABAT-VENT, s. m. Charpente ordinairement couverte de plomb ou d'ardoise, qui garantit de la pluie & du vent les ouvertures des édifices, sur-tout des clochers, dans lesquels elle sert aussi à faire descendre le son des cloches, pour empêcher qu'il ne se dissipe en l'air.

ABAZE'E, s. f. Fête payenne dont


on attribue l'institution à Denys, fils de Caprio, Roi d'Asie. Elle se nomme aussi Sabazie. On la célébroit en silence, suivant la signification de ce nom, avec de grandes apparences de mélancolie.

ABBA, s. f. Mot Syrien, qui signifie père dans l'Ecriture. Ab signifie la même chose en Hébreu.

ABBAIE, s. f. Maison de retraire pour la vie religieuse , gouvernée sous une certaine Règle par un Abbé ou une Abbesse, suivant le sexe de ses Habitans. La plupart ont de grands privilèges, & jouissent d'un revenu considérable, dont elles ont l'obligation à la pieté de leurs Fondateurs. En Angleterre où elles sont abolies depuis la réformation, elles étoient exemptes de la Jurisdiction & de la visite des Evêques Diocesains, libres d'impôts & d'autres charges publiques, impénétrables à la justice séculiere, & le Roi Henri VIII. en détruisit 190, dont le revenu annuel montoit à 1 653 000 liv. sterl. Elles n'étoient pas moins favorisées en France, mais il y est arrivé de grands changement depuis le Concordat du Pape Léon X & de François I, en vertu duquel le Roi y nomme en Commande ; c'est-à-dire, qu'au lieu des anciennes Elections, qui appartenoient aux Religieux de chaque Abbaie, il donne la qualité d'Abbé à des Ecclésiastiques séculiers, qui sans aucune autorité spirituelle jouissent d'un tiers du revenu, dont les deux autres tiers doivent être partagés entre la Communauté & les réparations des terres ou des édifices. Le gouvernement intérieur demeure aux Religieux, suivant les Constitutions de leur ordre ; avec cette différence que les Abbaies qui se font réunies en Congrégation dépendent d'un Supérieur général du même Ordre, qui doit résider en France, & que celles qui se sont conservées dans leur ancien état dépendent de l'Evèque Dioces. Il s'en trouve néanmoins quelques-unes de cette dernière espece qui ne dépendent que du Saint-Siège, & qui sont distinguées par le titre d'Exemptions. On compte en France environ 800 Abbaies.