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les parties auxquelles ils appartiennent. On appelle particulièrement abdutUur le quatrième raufcle des yeux, qui les fait mouvoir en dehors pour regarder de côté.

ABECEDAIRE, adj. Ce nom, qui est formé des quatre premières lettres de l’alphabet, signifioit anciennement les compositions dont chaque strophe, & quelquefois chaque Vers, commençoit dans l’ordre alphabétique. De ce genre sont le Pseaume 118 & les Lamentations de Jéremie. On croit que les Juifs inventèrent cette sorte de poësie pour aider la mémoire.

ABEILLE, s. f. Nom d’un insecte ailé qui produit la cire & le miel. Les Latins l’ont nommé Apis parce qu’il naît sans pieds. Ceux qui ont écrit sur les opérations & le gouvernement des abeilles, prétendent qu’elles ont un roi femelle, ou si l’on veut, une reine, qui jette environ 6000 œufs par an, qui a les jambes courtes, les ailes droites, & qui est deux fois plus grosse que les autres. On distingue des abeilles de diverses especes & de différentes couleurs. Celles d’Ethiopie & des Antilles n’ont pas d’aiguillon ; ce qui fait qu’étant comme désarmées, elles s’obstinent à faire leur miel dans des lieux déserts, sans qu’il soit possible de les apprivoiser.

ABER, s. m. Mot de l’ancien Breton, qui signifie la chute d’un ruisseau dans une Rivière ; d’où sont venus les noms de quantité de Confluens de cette nature, & ceux de plusieurs Villes qui y ont été bâties, telles qu’Aberconvvay, Aberdeen, Abergavenny, &c.

ABERRATION, s. f. Terme d’Astronomie, qui signifie quelque changement de situation dans un corps céleste. L’aberration d’une étoile fixe.

ABIB, s. m. Ce mot, qui signifie en Hébreu des épis de bled verd ou des fruits frais, étoit le nom du premier mois de l’année ecclésiastique des Juifs, & répondoit a une partie de notre mois de Mars & d’Avril. C’étoit dans ce mois que le bled meurissoit en Judée. On lui donnoit quelquefois aussi le nom de Nisan, qui avoit eté le septiéme mois de l’année avant que


les Israëlites fussent sortis de l’Egypte, mais qui fut ensuite compté le premier par un ordre exprès de Dieu, du moins dans le calcul ecclésiastique, car le premier mois de l’année civile se nommoit Tizri.

ABJECT, adj. Mot tiré du latin, qui signifie vil, bas, méprisable.

ABJECTION, s. f. Vivre dans l’abjection, c’est-à-dire dans la pauvreté, l’abbaissement & la misere.

ABIENA, s. f. Nom d’une Déesse, qui présidoit parmi les Romains à la bonne ou à la mauvaise fortune.

AB-INTESTAT. Terme de Jurisprudence. On appelle héritier ab-intestat, l’héritier naturel d’un homme qui est mort sans avoir pourvu à sa succession par un testament.

ABJURATION, s. f. Renoncement solemnel à quelqu’opinion ou à quelque parti. On applique particulièrement ce mot à ceux qui quittent une religion pour en embrasser une autre. Il a fait son abjuration. Dans les anciens usages d’Angleterre, abjuration signifioit le bannissement volontaire d’un homme qui sortoit de l’Isle à perpétuité ; ce que la loi permettoit expressément aux criminels, lorsqu’ils s’étoient retirés dans une Eglise ou un cimetière après un crime qui meritoit la mort. Cette loi dura dans toute sa force depuis le règne d’Edouard le Confesseur jusqu’à la réformation, c’est-à-dire, l’espace d’environ cinq cens ans. Le coupable qui avoit ainsi recours aux aziles ecclésiastiques, en étoit quitte pour confesser fon crime aux Juges & pour abjurer le Royaume. On lui donnoit ensuite une croix, qu’il étoit obligé de porter à la main pour se rendre au port par lequel il devoit sortir des Etats du Roi. Cet abus fut encore porté plus loin ; car l’abjuration du Rovaume fut restrainte par degrés à l’abjuration civile, qui consistoit à promettre de demeurer perpétuellement dans le lieu ecclésiastique ou l’on s’étoit retiré. Quantité de criminels, jouissant des privilèges de leur azile, en sortoient pour voler & piller, & vivoient en sûreté lorsqu’ils y pouvoient rentrer avec leur proie.